Quelle participation aux bénéfices sera versée par les fonds en euros des contrats d’assurance vie cette année ? Découvrez tous les rendements 2020, mis à jour au fur et à mesure des annonces des compagnies, mutuelles et groupes de protection sociale.
A fin 2019, l’assurance vie française représentait 1783 milliards d’euros d’encours, dont 78% placés sur les fonds en euros selon la FFA. L’Argus de l’assurance vous informe en temps réel de la publication des rendements 2020 des fonds en euros des contrats d’assurance vie commercialisés en France. Découvrez dans le tableau ci-dessous les taux de rendement des fonds euros publiés pour 2020 par les compagnies, mutuelles et groupes de protection sociale, incluant la variation d’une année à l’autre, les bonus éventuels, et classés par assureur. Il s’agit des taux nets de frais de gestion, hors prélèvements sociaux qui s’élèvent à 17,2%.
Pour mémoire, le taux de rendement moyen était de 1,46% en 2019 selon l’ACPR, contre 1,70% en 2018 et 2017, 1,80% en 2016, 2,30% en 2015, 2,50% en 2014 et 2,80% en 2013.
Les meilleurs taux
GARANCE – 2,75% ! C’est le taux le plus élevé servi en 2020 par un contrat d’assurance vie, toutes catégories confondues. Et en plus, il n’y a aucune limite imposée sur le fonds en euros de la mutuelle. En savoir plus
GAIPARE – L’association partenaire d’Allianz, systématiquement placée parmi les meilleurs taux de rendement, ne renie pas son positionnement avec un taux de 1,90%, soutenu par une reprise de PPB. En savoir plus
ASAC-FAPES – Le fonds euros de l’association, assuré par Allianz, délivre un rendement de 1,85%, grâce à une reprise de PPB de 4 M€. La PPB du fonds cantonné s’élève à 1,20% de l’encours.
Les bons taux
Des taux supérieurs à la moyenne de l’année dernière, au-delà de 1,50%, sont aujourd’hui des bons taux.
MACSF – L’assureur mutualiste limite le recul à 0,15% sur son contrat multisupport, qui sert un taux de 1,55%. En savoir plus
AGPM – Le fonds euros du groupe de protection sociale dédié aux militaires est une exception sur le marché. Il délivre cette année un taux imbattable de 1,70% pour un contrat monosupport, Plan Eparmil, ce qui est notamment possible grâce à des frais de gestion annuels très faibles de 0,35% et à une PPB réduite à son minimum.
GMF Vie – Son contrat multisupport Multeo, qui permet encore aux assurés d’être investi à 100% en euros, affiche un taux de rendement de 1,65%, en recul de 25 points de base. Un taux supérieur à la moyenne, servi pour tous les contrats, qui n’empêche pas l’assureur du groupe Covea d’avoir constitué des réserves de participation relativement importantes pour lisser son rendement dans le temps. En savoir plus
MAAF Vie – Le contrat Winalto n’a perdu que 0,1 point et sert encore un taux avantageux de 1,65%, mais ce n’est pas le cas des anciens contrats. En savoir plus
CARAC – Malgré une chute de 0,5% par rapport à 2019, son multisupport Profileo sert 1,70%. Même les monosupports s’en tirent bien à 1,40%. En savoir plus
MIF – La mutuelle sert un taux de 1,70% sur l’ensemble de ses contrats, et sur Ampli Grain 9 Multisupport distribué par Ampli Mutuelle.
AFER – L’association partenaire d’Aviva France tient bon sur la défense du fonds euros. Son taux est en baisse contenue, à 1,70%. En savoir plus
SWISSLIFE – La compagnie a abaissé son taux de base à 0,80%, mais elle sert une clientèle qui dans sa majeure partie peut bénéficier de ses bonus. Pour ces clients, le taux de rendement est resté stable. En moyenne, il s’établit à 1,61%. Swiss Life est donc plutôt généreuse par rapport à son cœur de cible. En savoir plus
Les taux au-dessus de la moyenne
Au-dessus de la moyenne attendue, autour de 1% ou 1,10% selon les prévisions de Good Value for Money, les assurés peuvent se considérer chanceux.
LA FRANCE MUTUALISTE – La mutuelle sert 1,42% sur ses contrats multisupport, taux qui peut être bonifié de 0,3 points si le contrat est investi à 25% minimum en UC. Inconvénient pour les assurés, des frais d’entrée élevés. En savoir plus
MAIF – Taux en baisse de 0,2 point pour le mutualiste cette année, qui sert 1,30% sur l’ensemble de ses contrats, avec le fonds euros le plus responsable et solidaire du marché. En savoir plus
MMA – Le contrat MMA Multisupports sert 1,35%, ce qui est déjà au-dessus de la moyenne, et pour les assurés qui bénéficient du bonus de 0,5%, le contrat se hisse parmi les rendements les plus élevés. Mais gare aux frais d’entrée élevés (4% maximum). En savoir plus
MUTAVIE – Le contrat phare de la filiale d’assurance vie de la Macif, Multi Vie, sert 1,25% (en baisse de 0,25 point) et ne dispose pas, contrairement au contrat patrimonial de l’assureur, de politique de bonus pour doper son rendement. En savoir plus
MONCEAU ASSURANCES – La descente est rude avec 1 à 1,1 point de perdu pour les fonds euros de la mutuelle Capma&Capmi, qui passent à 1,20% sur Dynavie, et 1,35% sur les contrats fermés. L’autre assureur du groupe, Monceau Retraite et Epargne, sert également un taux de 1,20% en recul de 65 points de base sur son contrat Dynaplus. En savoir plus
AVIVA – Le contrat Evolution Vie, distribué par Assurancevie.com, sert un taux de 1,41%. Sur la fraction de capital versé, à partir de 8000€, il est en outre possible de le multiplier par 1,5 ou 2 si l’investissement comporte au moins 30% ou 50% d’UC.
BFORBANK – Le contrat de la banque en ligne du Crédit Agricole, assuré par Spirica, sert un taux de 1,35% en baisse de 30 points de base.
Euro Exclusif, de GENERALI – Le fonds Euro Exclusif distribué en exclusivité par Boursorama, plus diversifié en immobilier que la moyenne, sert un taux de 1,43% en légère baisse de 12 points de base. En savoir plus
PREVOIR – Le contrat PreviLibre 100 sert un taux de 1,20% en baisse limitée à 10 points de base.
MUTEX – Le fonds euros du contrat Epargne Vie Expertise, d’Harmonie Mutuelle, est une exception puisqu’il sert un rendement en progression de 5 points de base, à 1,30%.
ORADEA VIE – En moyenne, les contrats ouverts à la commercialisation distribués par les partenaires de la filiale de Société Générale Assurances ont servi 1,16% en 2020, pour les actifs généraux, avec une fourchette allant de 0,80% à 1,20%. C’est une baisse de 0,4 point, tandis que les contrats fermés distribuent un taux en recul de 0,1 point.
Les taux sauvés par les bonus
CREDIT MUTUEL – A moins de disposer d’un encours d’au moins 50 000 euros ou d’avoir investi son contrat à plus de 25% en UC, les taux planchers servis par les Assurances du Crédit Mutuel ne dépassent pas 1,10% cette année. Le bancassureur a néanmoins fait l’effort de les maintenir inchangés par rapport à l’année dernière. Par ailleurs, un vrai coup de pouce (+0,5%) est accordé aux titulaires d’un contrat diversifié à plus de 50% en UC. En savoir plus
BNP PARIBAS CARDIF – Le taux moyen sur les contrats distribués le réseau bancaire et les partenaires de Cardif s’élève à 1,24% bonus compris, mais les taux planchers peuvent descendre à 1%, selon les frais de gestion appliqués. En savoir plus
AXA – Le fonds euros de la compagnie sert un minimum de 1,20%, taux qui monte à 1,60% si le contrat compte un minimum de 40% d’UC et si l’assuré choisit la gestion pilotée. En savoir plus
SURAVENIR – Les contrats distribués par le réseau Crédit Mutuel Arkea plongent à 0,5% (record à la baisse battu) et 1% de rendement en gestion libre. En gestion sous mandat, ils se redressent à 1,20% et 1,30%, soit le même taux qu’en 2019. En savoir plus
LE CONSERVATEUR – Tombé à 1%, le taux minimum du Conservateur peut être multiplié par 2,5 au maximum grâce aux bonus. Le taux moyen servi s’élève à 1,85%. En savoir plus
PREDICA – Les contrats premium distribués par Crédit Agricole et LCL servent des taux planchers entre 1,05% et 1,20%. Mais avec une politique de bonus de plus en plus incitative, ils s’étendent entre 1,85% et 2%. La moyenne est de 1,28%. En savoir plus
SOCIETE GENERALE – Les contrats du réseau Société Générale, assurés par Sogecap, servent entre un très bas 0,75% et 1,15%, mais à partir de 50% d’UC, une majoration de 50% s’applique sur le versement. Un système intéressant surtout pour les nouveaux contrats car le bonus ne concerne pas le stock, même s’il est investi en à 50% en UC ! En revanche, il est possible d’en bénéficier sur la part arbitrée du fonds euros vers une UC.
AREAS – La société d’assurance mutuelle est la seule, avec les Assurances du Crédit Mutuel, à laisser ses taux inchangés. Le rendement s’élève à 1%, et grimpe à 1,60% si l’encours du contrat est d’au moins 5000€, avec une part d’UC d’au moins 40%.
Netissima, de GENERALI – Le fonds Netissima, sur les contrats web de Generali, sert un taux de base de 1,10%, qui peut monter jusqu’à 1,70% en plusieurs paliers selon le taux de versement en UC. En savoir plus
APICIL (Euro Garanti) – Ce fonds euros ne délivre que 0,85%, mais au-delà de 50% d’UC, il peut atteindre 1,45%… enfin, uniquement chez Intencial. Car le même fonds, dans le contrat distribué par Linxea, est bloqué à 0,85%.
Les taux les plus bas
GROUPAMA GAN – Le taux de base tombe à 0,90%, auquel il faut ajouter un bonus à partir de 20% d’encours en unités de compte. En moyenne, le taux servi par l’assureur est de 1,09%. En savoir plus
SMA VIE – La mutuelle du BTP a aplati le taux servi à 1,10%, que ce soit sur ses contrats monosupport ou multisupport. Le rendement de ce dernier chute de 55 points de base.
CREDIT AGRICOLE – Le contrat Predissime 9 série 2, en baisse de 0,2 point, est tombé à 0,65%. En savoir plus
AG2R LA MONDIALE – En baisse de 30% de points de base, le taux servi sur les contrats grand public tombe à 1%. Chez La Mondiale, il faut détenir un contrat haut de gamme investi au moins à 40% en UC pour dépasser un rendement de 1,40% sur le fonds en euros.
CAISSE D’EPARGNE – Les fonds assurés par BPCE Vie servent entre 0,8% et 1,15%, tandis que les contrats fermés assurés par CNP tombent entre 0,5% et 1% hors bonus. Cependant, certains de ces anciens contrats permettent de dépasser les 1,5% avec les bonus. En savoir plus
LA BANQUE POSTALE – Le taux servi par la gamme de contrats grand public plafonne à 0,70%. Le meilleur rendement de base est servi par le contrat online de la banque (1,20%), qui comme les contrats plus patrimoniaux offre des bonus permettant de dépasser 2%. En savoir plus
PRO BTP – Le fonds euros de SAF BTP Vie recule de 30 points de base à 1,16%.
BANQUE POPULAIRE – A la Banque Populaire, les taux des fonds assurés par BPCE Vie varient entre 0,8% et 1,15% selon les frais appliqués. A la BRED, les taux des fonds assurés par Prepar Vie sont à 0,8% ou 0,9%, en forte baisse. En savoir plus
NEUFLIZE VIE – Le fonds euros Hoche Retraite, fonds référent de l’assureur vie de la banque Neuflize OBC, est en baisse de 20 points de base à 1%.
CREDIT DU NORD – La compagnie Antarius (Sogecap) sert des taux de base qui ne dépassent pas 1% sauf pour un nouveau contrat réservé à des encours d’au moins 100 000 euros. Un fort recul par rapport à 2019, de 45 points de base.
AVIVA – Le contrat commercialisé par le réseau d’agents Aviva sert un taux en baisse de 35 points de base, à 1%. Il est certes possible de le multiplier à 1,5 ou 2 grâce aux bonus, mais seulement sur la fraction versée (à partir de 30 000€) ou arbitrée (à partir de 3000€), ce qui limite le potentiel de gain.
MILLEIS – Le fonds euros de Milleis Vie, distribué par la banque Milleis (ex-Barclays), sert un taux en baisse de 20 points de base à 1,10%.
HSBC – En dehors des contrats dont le minimum de souscription est fixé à 150 000€, les contrats HSBC délivrent un rendement moyen de 0,89% et 1,01%, bonus compris, en baisse de 40 points de base.
GENERALI – L’actif général de Generali et Generali Patrimoine, ainsi que le fonds euros Eurossima des contrats web, servent entre 0,80 et 1,05%, en baisse de 20 à 25 points de base. En savoir plus
AFI-ESCA – L’assureur a servi en moyenne 1,02% sur son contrat principal, Active Sélection Vie.
Les taux des fonds atypiques (immobilier, infrastructure, dynamique, NOUVELLE GENERATION…)
Ces fonds sont à part car ils disposent d’un moteur de rendement reposant sur une diversification plus large que la moyenne, dans des actions ou des actifs non cotés tels que l’immobilier ou les infrastructures. Ils sont généralement moins accessibles que les fonds euros classiques, et peuvent en outre présenter des plafonds d’investissement en termes de poids total dans les contrats.
Sécurité Infra Euro, d’ORADEA VIE – Le nouveau fonds en euros orienté infrastructure de l’assureur vie de Société Générale Assurances, remplit pour ses premiers mois d’activité sa promesse de surperformance, avec un rendement de 2,10%. Pour y accéder, il faut investir un minimum de 40% du versement total en unités de compte, et ne peut dépasser 30% du montant investi. En savoir plus
Sécurité Target Euro, d’ORADEA VIE – Le fonds dynamique, distribué en exclusivité par Primonial et vainqueur du palmarès des taux en 2019, pointe à 0% de rendement en raison de l’évolution défavorable des marchés boursiers. Pour y accéder, il faut investir un minimum de 40% du versement total en unités de compte.
ALLIANZ Vie Fidélité – Ce contrat, qui bloque les rendements du fonds euros pendant 5 ans sur une UC à faible risque et offre un bonus de parts de 10% une fois ce terme atteint, sert son lancement avec un taux de 2,58% à 2,78% net de frais de gestion en 2020. En savoir plus
Sécurité Pierre Euro, de SURAVENIR – Le fonds euros à dominante immobilière distribué par Primonial dans son contrat Sérénipierre, mais tout récemment fermé, offre cette année encore une belle performance au regard du marché, à 2,50%. Idem pour Suravenir Opportunités (2%), que l’on trouve dans des contrats commercialisés sur le web.
Euro Allocation Long Terme 2, de SPIRICA – Le fonds immobilier de Crédit Agricole Assurances a été fermé cette année. Il affiche un rendement de 2%. Il a été remplacé par le Fonds Euro Nouvelle Génération, premier fonds à abaisser sa garantie à 98%.
Fonds Euro Nouvelle Génération, de SPIRICA – Le nouveau fonds de Crédit Agricole Assurances, dont la garantie est diminuée à 98% et l’actif diversifié à hauteur de 30%, sert 1,65%. Son accès nécessite un versement en UC de 25% minimum.
Euro Innovalia, de GENERALI – Ce fonds à dominante immobilière sert un rendement en baisse de 30 points de base à 1,70%. En savoir plus
Euroflex, d’APICIL – Ce fonds n’est garanti en capital qu’à hauteur de 0,96% afin de dynamiser sa gestion. Il a rapporté 1,40% en 2020.
Comment est fabriquée cette cryptomonnaie ? A quoi sert-elle ? Est-elle une valeur refuge comme l’or ? Une bulle spéculative s’est-elle formée ?

À l’origine, le bitcoin a été pensé et conçu pour permettre un paiement en monnaie électronique directement d’une personne à une autre, sans besoin d’une autorité centrale pour valider cette transaction.
1. Comment est fabriqué le bitcoin ?
Régis par un protocole informatique inventé en 2009 par un mystérieux groupe sous le pseudonyme «Satoshi Nakamoto», les bitcoins sont créés au cours d’un processus appelé le «minage». La création de cet actif numérique rétribue le travail des «mineurs»: l’ensemble de ces ordinateurs, disséminés dans le monde et dotés d’une puissance de calcul très importante, compose le réseau décentralisé au sein duquel s’opèrent les transactions (les mineurs perçoivent aussi des frais sur ces transactions). C’est leur travail de calcul qui vérifie, valide et inscrit de façon immuable dans la blockchain toutes les transactions entre acheteurs et vendeurs de bitcoins dans le monde. Le protocole informatique prévoit que le montant de cette rétribution – et donc l’émission de nouveaux bitcoins – soit divisé par deux tous les quatre ans (il est actuellement de 6,25 bitcoins par «bloc» miné). Et il est prévu qu’il n’y aura jamais à terme plus de 21 millions de bitcoins créés, pour limiter tout risque d’inflation. Chaque bitcoin est divisible en fractions (la plus petite est le satoshi qui représente 0,00000001 bitcoin).
2. À quoi sert-il ?
À l’origine, le bitcoin a été pensé et conçu pour permettre un paiement en monnaie électronique directement d’une personne à une autre, sans besoin d’une autorité centrale pour valider cette transaction. Il s’échange sur des plateformes spécialisées, à un prix fixé par la loi de l’offre et la demande. Si technologiquement le bitcoin n’est pas «fait» pour devenir une monnaie d’échange à l’échelle mondiale, de nombreux commerces et enseignes (en France, du joaillier français Courbet à Just Eat en passant par l’Unicef) l’acceptent désormais, intégrant des «widgets» (bouton virtuel) pour régler facilement des achats en bitcoins. Le géant du paiement PayPal permet à ses 350 millions d’utilisateurs d’acheter des bitcoins sur sa plateforme et de les dépenser dans son réseau de marchands.
L’intérêt du bitcoin comme monnaie d’échange est toutefois moins flagrant dans les pays riches dominés par une infrastructure de systèmes de paiement efficiente que dans les pays où les personnes n’ont pas accès à des comptes bancaires ou sont en hyperinflation chronique comme le Venezuela ou l’Argentine.
3. Est-il inviolable ?
En théorie oui. Et en pratique, dix ans de recul sur la blockchain bitcoins ont démontré le caractère inattaquable et infalsifiable de cette monnaie digitale. La sécurité de la technologie – et la confiance qui en découle – réside dans son protocole informatique et la décentralisation du réseau qui gère les transactions. Chaque ordinateur du réseau possède une copie de la chaîne de transactions, reliées entre elles par des «blocs». Plus le réseau est étendu et dispersé, plus il est difficile de modifier son code ou de réaliser une transaction frauduleuse. Pour falsifier une information, il faut être en mesure de falsifier simultanément plus de 50 % des ordinateurs du réseau. C’est quasiment impossible en termes de puissance de calcul, en l’état actuel de l’informatique et du coût induit. Même un cartel de «mineurs» n’y aurait pas intérêt, car sans confiance, le bitcoin perdrait immédiatement toute valeur. Cela reviendrait à braquer une banque pour y brûler aussitôt tout l’argent volé. Comme toute technologie informatique, une faille de type bug n’est théoriquement pas impossible mais ne s’est jamais produite.
En revanche, le risque premier – et avéré – réside dans l’attaque des coffres-forts et portefeuilles numériques dans lesquels sont stockés les bitcoins, que ce soit par les particuliers et institutions acheteuses ou les grandes plateformes d’échange où sont stockées les plus grandes quantités de bitcoins.
4. Pourquoi s’envole-t-il ?
Le bitcoin est clairement l’un des grands gagnants de la crise. Sa valeur a été multipliée par six en un an. Avec la pandémie, la star des cryptomonnaies est devenue le chouchou des investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds de pension…). Dans un contexte où des montagnes de cash sont déversées sur les marchés, ces acheteurs qui pèsent des milliards voient dans la devise numérique une protection contre la perte de valeur des monnaies. Le bitcoin, par construction limité à 21 millions de tokens (jetons), produit un effet rareté qui rassure les investisseurs.
Ce n’est pas la seule raison de cette fièvre numérique. La demande est aussi alimentée par des milliers d’entreprises qui cherchent à placer leur trésorerie et parient sur la hausse. Beaucoup d’observateurs estiment que la devise numérique est loin d’avoir atteint son plus haut. En début d’année, la banque JPMorgan a indiqué viser un cours à 146.000 dollars sur le long terme. L’arrivée des géants américains a contribué à faire monter la température. L’achat par Tesla d’1,5 milliards de dollars de bitcoins le mois dernier a fait à lui seul bondir les cours de 20 % en 48 heures. «Lorsque ce sont des assureurs qui investissent, ça ne parle pas à tout le monde, mais quand c’est Tesla et que les sommes sont aussi énormes, tout le monde comprend», souligne Romain Saguy, directeur marketing de Coinhouse. «Le jour de l’annonce de Tesla, toutes les plateformes d’achat ont été saturées de demandes», se rappelle-t-il.
5. Est-il une valeur refuge, comme l’or ?
La formidable envolée de la cryptomonnaie a coïncidé avec la pire récession depuis les années 1930. De la à considérer le bitcoin comme la dernière planche de salut face à une sphère financière au bord du gouffre, il y a qu’un pas que ses partisans les plus fervents n’hésitent plus à franchir. Le bitcoin serait l’ultime valeur refuge, susceptible, à terme de détrôner l’or. À leurs yeux, le métal précieux souffre de nombreux handicaps: il est cher à stocker, il peut être confisqué et n’est pas facilement divisible. En face, le bitcoin est contenu dans un fichier informatique, divisible pratiquement à l’infini, accessible partout via une clé chiffrée dans un grand livre de comptes réputé infalsifiable, la blockchain. Et, cerise sur le gâteau, il est totalement indépendant des autorités gouvernementales et monétaires. Les détracteurs de la monnaie électronique font valoir que sa valeur ne repose sur rien de concret, qu’elle est loin d’être reconnue universellement, ne s’échange pas au guichet des banques et est refusée par l’immense majorité des commerces. En face, la valeur de l’or est reconnue partout. La relique barbare est un actif réel et constitue une bonne protection contre l’inflation. Sa valeur provient également de sa rareté tandis que celle du bitcoin serait un simple leurre, comme d’ailleurs sa sécurité. Le seul point commun est peut-être la part de rêve que véhiculent ces deux actifs.
6. Y a-t-il une bulle spéculative du bitcoin ?
Une bulle spéculative s’est-elle formée autour du bitcoin, dont le prix est passé en trois mois de 13.000 à 58.354 dollars fin février à son apogée? «Il est difficile de répondre à cette question, estime Matthieu Bouvard, chercheur au TSM-R et à la Toulouse School of Economics. Contrairement à l’immobilier ou aux actions, le bitcoin n’a pas de valeur fondamentale et ne génère pas de flux financier comme des loyers ou des dividendes. Il est donc difficile de connaître son juste prix.» La valeur du bitcoin repose sur la confiance que lui accordent les acquéreurs en tant qu’investissement ou, dans une moindre mesure, comme moyen de paiement. «Si pour une raison ou une autre, cette confiance se dégonflait, la valeur du bitcoin pourrait théoriquement tomber à 0», pointe Matthieu Bouvard. Mais, en plus de dix ans d’existence et malgré plusieurs crises de confiance successives, la valeur de l’actif virtuel ne s’est jamais effondrée.
Nombre d’experts s’attendent cependant à une correction plus ou moins brutale des prix de la reine et doyenne des cryptomonnaies. «La flambée des prix du bitcoin a coïncidé avec la vague d’achat d’actifs risqués de la part d’investisseurs rassurés notamment par l’arrivée des vaccins contre le Covid-19, constate Alexandre Baradez, analyste chez IG France. On assiste à présent à une correction sur ces actifs et le prix du bitcoin, qui est monté très vite, baisse. Il pourrait tomber ponctuellement à 30.000 dollars, sans que l’on puisse vraiment parler d’éclatement d’une bulle.» Pour les analystes de la banque américaine Citi, le bitcoin est aujourd’hui à un point de basculement: soit il parvient à devenir une «devise de choix pour les échanges internationaux de demain», soit il fera face à «une implosion spéculative».
7. Menace-t-il les monnaies ?
«On ne peut pas se payer un café avec du bitcoin», répète Janet Yellen, la ministre des Finances de Joe Biden. «Elle a raison, reconnaît l’investisseur Teeka Tiwari, patron de DeFiTech et fervent soutien des cryptoactifs, un camion n’est pas fait pour transporter un seul ananas.» Lui, ne considère d’ailleurs pas le bitcoin comme une monnaie. Mais il souligne que l’instrument virtuel permet de déplacer «des milliards de Tokyo à New York en quelques minutes pour 20 dollars». Une efficacité que les banques centrales surveillent. Et souhaitent concurrencer en lançant dans les prochains mois ou années les versions électroniques des grandes devises, dollar, euro ou yuan.
Si les grands argentiers de la planète relativisent le risque macroéconomique posé par le bitcoin, ils sont depuis bientôt trois ans très vigilants sur le développement du projet de cryptodevise lancé en 2018 par Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Au fil des rebondissements et des obstacles, le libra a été rebaptisé diem. Parce qu’il serait adossé à la puissance de Facebook, et à une contrepartie en «vraie monnaie», le diem pourrait rapidement être adopté par des centaines de millions d’utilisateurs.
Dans des pays en développement aux finances fragiles, un engouement massif pour cette monnaie virtuelle pourrait provoquer des déséquilibres aux effets difficiles à cerner. C’est pourquoi le FSB (en français le Conseil de stabilité financière), le FMI ou encore la Banque des règlements internationaux (BRI), où l’ancien de Bercy et de la BCE Benoît Cœuré supervise les innovations monétaires, ont multiplié ces derniers mois rapports et appels à encadrer les cryptomonnaies comme le diem.
Article écrit par Fabrice Nodé-Langlois, Ingrid Vergara, Hervé Rousseau, Danièle Guinot et Jorge Carasso pour lefigaro.fr